Il y a quelques jours, j'avais aperçu dans un dossier dont le nom m'avait choqué : O'Hara. Je connaissais ce nom, je l'avais connue à une époque du moins. Avant même d'ouvrir le dossier, j'avais sentie une boule se former dans un estomac. J'étais presque certaine que c'était le nom du fils de Juliet. J'avais revu l'intégralité de mes souvenirs d'enfances remonter à la surface accompagné d'une tonne de regret. Durant toute mon enfance, elle était là. Quand mes parents se fichaient de Andrew et moi, Juliet était là. Quand ils ont oubliés mon anniversaire, elle m'avait fait un gâteau. Puis nous avions grandies, deux universités différentes, deux vies différentes et je réalisais qu'à part quelques textos de temps à autres, nous n'avions plus vraiment de contact. L'ouverture du dossier, j'avais rapidement compris que ma meilleure amie allait vivre un enfer. Elle n'avait pas juste perdue une personne, mais deux dont son fils. Les mois, voir les années qui allaient suivre allait être l'enfer pour elle. Une épaule de plus ne lui ferait surement pas de mal. Je demandais à l'infirmière la date de l'enterrement et elle m'indiqua que c'était le lendemain... Je devais y aller. Je ne savais pas comment j'allais être accueillie, surement mal, je connaissais assez Juliet pour savoir qu'elle ne voudrait pas de moi, croyant d'abord que mon geste est de la pitié. Le lendemain matin, j'étais prête. Une robe noir, une fleur à la main, j'étais restée en retrait. J'ignore si elle m'a vue. Je décidais de suivre le cortège jusqu'à chez elle, au chacun présenterait ses voeux et lui apporterait de la nourriture. J'avais choisi de lui apporter un muffin au chocolat avec son coeur au chocolat fondant comme quand nous étions plus jeune. Ce n'était pas grand chose, mais dans le passé, ça nous aidait à tout surmonter. Je ne savais pas quoi dire .. aucun mot ne pourrait l'aider, j'avançais alors simplement vers elle avant de la prendre dans mes bras.

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Une robe noire, ses cheveux blonds attachés en une queue de cheval. On peut voir les conséquences de ces quatre dernières nuits à ne pas avoir dormi, à avoir pleuré. Juliet, elle a tout perdu. En une journée, en un instant. Son fils, son fiancé. Isaac est toujours là. Mais Juliet, elle n'a plus le goût à rien. C'est à peine si elle avait écouté les discours des personnes présentes à l'enterrement. Il était jeune, trop jeune pour mourir. C'était quelqu'un de bien, qui aimait sa famille. Tout ça, Juliet le sait déjà. Elle n'a pas besoin qu'on fasse l'éloge de son fiancé. Si elle fréquentait Steven depuis quatorze ans, c'est bien parce qu'il était parfait. A ses yeux en tout cas. Elle ne pleure pas. Parce qu'elle est forte Juliet. Un verre de vin à la main, elle regarde silencieusement toutes les personnes présentes dans sa demeure, dans leur demeure. Juliet, elle est en colère. Elle en veut à la terre entière. Elle, elle pense qu'elle ne méritait pas ça. Se retrouver seule, ou presque. Au loin, elle remarque Lou. Il lui fait un petit signe de tête. Elle a envie d'aller se réfugier dans ses bras. Parce que seul lui pourrait l'aider. Et puis, elle aperçoit ses parents. Sa mère tient Isaac dans ses bras. Paige, non loin d'elle, parle avec les parents de Steven. Juliet, elle veut seulement se faire oublier. Elle veut seulement être seule. Et puis, elle ne s'attend pas à être prise dans les bras. Étonnée, elle ne l'avait pas vu arriver, Zoey. Bien trop perdue dans ses pensées, dans son vide. Mais, elle la reconnait. A son odeur, à sa chevelure brune. Elle n'a pas besoin de la voir pour être certaine qu'il s'agit de Zoey. Bien que surprise, Juliet entoure son amie de ses bras. Son amie, ou ancienne amie. Elle ne sait pas trop. Liées comme les doigts de la main tout au long de leur enfance et de leur adolescence. La blonde et la brune s'étaient éloignées dès leur entrée à l'université. Chacune ayant prit un chemin différent. Elles avaient grandi ensemble, elles s'étaient aimées, soutenues. Zoey et Juliet étaient comme des soeurs à l'époque. Et puis, tout s'était effondré. Sans même que l'une d'entre elles sache pourquoi. Zoey.. dit-elle fébrilement. Qu'est-ce que tu fais ici ? Question bête. Juliet se doute bien que la brune ne venait pas faire un tennis. Elle se détache de l'étreinte de son amie pour pouvoir la regarder.

Une partie de moi sentait que je n'avais rien à faire ici. Je regardais les gens dans la pièce et je réalisais que je ne connaissais personne, sauf Paige et les parents de Juliet qui m'avait fait un signe de la main. Comme tout le monde, j'avais déposé dans la cuisine un plat, enfin quelques muffins au chocolat, ce n'était pas grand chose. Et surtout pas de la grande cuisine, mais avec mon travail à l'hôpital, je n'avais jamais pris le temps de cuisiner. Je mangeais souvent sur le pouce ou j'inventais des plats avec les restes de mon frigo. Puis, c'est ce qu'elle aime les muffins. C'était notre truc quand on étaient ados. Mon regard se perdait dans mes souvenirs d'enfances, dans les heures de discussion que nous avions passer à imaginer notre famille parfaite. Elle ne méritait pas cela, Juliet avait toujours été une fille douce. J'avais laissé le temps filer et notre amitié défiler comme-ci s'était normal de perdre l'une des personnes les plus importantes de sa vie. Puis, je me souvenais d'une chose. La seule chose dont je suis certaine : si la situation avait été inversé, elle aurait fait la même chose que moi..  Je m'approchais d'elle en douceur. Je savais qu'aucun mot ne serait panser ses blessures alors je l'a pris simplement dans mes bras. Je lui souriais tout en me retirant de notre étreinte. « je t'apporte un muffin » Je lui souriais en lui tendant le gâteau au chocolat. Je ne suis pas stupide, je sais que ce n'est rien qu'un gâteau. Mais quand nous étions ados, il était magique pour nous. Il guérissait nos peines de coeur, nos disputes .. Nos moments de solitudes. Il était là quand plus rien n'allait. Je suis consciente qu'elle a perdue bien plus que ce que nous avions perdus dans le passé. Je suis incapable d'imaginer ce qu'elle ressent, je suis incapable de m'attacher à un homme à ce point. L'amour, c'est tellement compliqué. Je n'ai jamais compris comment l'amour fonctionnait. Elle, oui. « il y a quelques années, je t'ai promis que je serais toujours là .. »

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Jules, elle ne s'attendait pas à voir son ancienne amie débarquer. Evidemment, elle n'avait jamais oublié Zoey. Plusieurs fois, elle s'était demandée comment elle allait. Elle la croisait, parfois, dans les couloirs de l'hôpital. Fière résidente qu'était Zoey. Non, pas fière dans le sens péjoratif du terme. Juste, elle avait réussi sa vie. Enfin, c'est ce que Juliet imaginait. Mais jamais la blonde n'avait fait le premier pas vers la brune. Jamais elle n'avait osé. Parce que, après tout, elles s'étaient éloignées -juste comme ça. Sans qu'elles ne s'en rendent compte, sans qu'elles puissent y faire quoi que ce soit. Au début, Jules ressentait ce manque. Celui de ne plus avoir son amie auprès d'elle. Et puis, petit à petit, il s'est apaisé. Comme une blessure se referme, Jules avait cicatrisé. Et bien que Juliet soit étonnée de voir Zoey, elle se sent rassurée. Si bien qu'elle ne dira rien concernant toutes ces années d'absence. Parce que, Zoey n'était pas coupable. Elle l'était toutes les deux.
Jules prend le muffin entre ces doigts. Esquissant un sourire à Zoey. Merci dit-elle. Tant pour la gourmandise que pour le fait d'être présente ce jour. Mais ça, elle ne l'ajoute pas. Parce que, elle sait, que Zoey est capable de le comprendre. Elle jette un regard vers les convives. Ceux présents chez elle, chez eux. J'aimerai qu'ils partent. Juliet a besoin de calme, de repos. Elle en a assez d'être entourée. Malgré le monde, elle se sent seule. Incomprise. Depuis l'accident, elle a vu plus de personnes qu'elle ne pouvait le croire. De la famille qu'elle n'avait pas revu depuis des années, des associés de son fiancé, des inconnus même.

Je pensais au passé. Je pensais au temps que j'avais laissé filer entre nous et je le regrettais. Pourquoi est-ce qu'Aiden était toujours aussi proche de moi alors que Juliet, elle, s'est éloignée. Pourtant, elle savait tout de moi. C'était elle que j'appelais quand j'allais mal, elle qui savait toujours où me trouver quand je tentais de fuir ma vie. Elle autant que lui. Alors pourquoi est-ce qu'elle je l'avais perdue ? Je réalisais tout cela aujourd'hui et je me promis que plus jamais, elle ne me manquerait. Que plus jamais, je ne l'a laisserais. Autour de nous, les regards étaient rempli de tristesse, de douleur, de regards de pitié aussi. Je ne connaissais pas ses gens, mais je savais ce qui se disait dans ce genre de situation. Je suis presque certaines que Juliet ne compte plus le nombre de phrase de politesse qu'elle a pu entendre. Je comprend qu'elle n'en puisse plus. Je l'a connais, elle est bien plus du genre à s'enfermer seule dans le noir à déprimer qu'à faire semblant de sourire pour ces gens. Elle a perdue sa moitié et pire encore, son fils. Je ne connais surement pas assez le sujet pour en parler mais je me suis toujours dit que perdre un enfant était la chose la plus horrible qui puisse arriver à quelqu'un. Je l'ai souvent vu à l'hôpital. Les larmes ne sont jamais les mêmes quand on parle d'un enfant .. un enfant ne devrait jamais mourir .. C'était un homme bien. Je le savais simplement au nombre de personnes qui étaient présentes, je le savais aussi parce que Juliet l'avait choisie. « tu veux que je mette tout le monde dehors ? » Je lui souriais légèrement. Je ne pouvais pas et nous le savions toutes les deux. Cela ne se faisait pas. Mais rien ne nous empêchait d'aller prendre de l'air, de s'éloigner un peu. Ca les gens pouvaient le comprendre je pense. « tu veux qu'on aille faire un tour ? »

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Avec plaisir. D'une traite, Juliet boit son verre de vin pour le poser sur le living de la salle à manger. Si ses convives allaient remarquer son absence, la blonde s'en fichait bien. Elle a juste besoin de s'évader un moment. Suivie par Zoey, elle se dirige vers la cuisine pour y prendre son sac à main et parvenir au jardin. L'espère qui se découvre à elles est gigantesque. Plusieurs hectares d'herbes fraîchement coupées, entretenus par un jardinier qu'ils emploient. Jules, elle se plait ici. Le ranch qu'ils avaient acheté il y a de ça quelques années était un paradis à ses yeux. Éloigné de la ville, mais restant proche tout de même, le ranch pouvait faire penser que nous étions à la campagne. Après quelques pas, Juliet s'installe sur une chaise du salon de jardin. Il n'y a rien de mieux qu'ici. dit-elle doucement. Le paysage, d'un côté, mon LA en mouvement. De l'autre, les ranchs voisins. Jules fouille dans son sac puis en sort un joint. Déjà préparé par les soins d'une connaissance. Parce que, Jules, elle ne sait pas faire ça. D'ailleurs, elle n'en a quasiment jamais fumé de sa vie. Mais, depuis l'accident, elle avait trouvé un refuge réconfortant en tirant quelques bouffées de cette drogue. Et puis, le cannabis n'a rien de dangereux après tout. Elle allume son Graal et tire une latte. Là, c'est encore mieux. Elle s'étend, pose ses jambes sur la chaise en face d'elle. Elle se fiche que sa position à la garçonne puisse faire entrevoir ses sous-vêtements. De toute façon, il n'y a qu'elle et Zoey. Et Zoey, elle avait vu Jules nue plus d'une fois - auparavant. Alors, comment toi tu vas ?

Si mettre tout le monde dehors semblait compliqué. S'enfuir par contre était totalement possible. Je pense que tout le monde peut comprendre son besoin de prendre l'air et si nous fuyons ensemble, cela ne devrait pas trop les inquiéter. Sa famille me connait, ils savent que je suis parfois un peu folle quand je suis avec Juliet. Mais ils savent aussi que je ne ferais jamais rien pour lui nuire. Je pensais que la blondinette allait hésiter mais pas une seule seconde. A peine ma proposition faite, elle acceptait et déposait son verre. Je l'a suivie dans la cuisine puis à l'extérieur de la demeure. Il était gigantesque. Nous étions qu'à quelques minutes de la ville et pourtant, j'avais devant moi de l'herbe à perte de vue. Je restais quelques instants bouche bée avant de reprendre la cadence pour suivre ma meilleure amie. J'ignorais que la surprise ne faisait que commencer. Quand Juliet sortit un joint de son sac à main, je savais exactement ce que c'était. Sans m'en rendre compte, je sentais une légère déception, elle devrait savoir que la drogue n'est pas une solution, que c'est mal et dangereux. Même si je sais qu'on en donne aux malades dans certains cas. Cela ne fait que confirmer la douleur qu'elle doit ressentir. Je décide de ne rien dire, elle n'a surement pas besoin qu'on lui fasse la moral. Elle a mal, si c'est la seule solution qu'elle a trouvée pour le moment, qu'il en soit ainsi. Je m’assois à ses côté sur l'une des chaises du jardin. « Ca peut aller, tu sais pour moi, rien n'a vraiment changé avec les années.. » Je lui souriais. C'est vrai que quand on y pense, je suis toujours la même. D'accord, j'ai fini mes études et mon internat, mais en dehors de cela, j'ai plus de trente ans et je suis une éternelle célibataire. « Je sais que ce n'est pas le moment, mais je suis désolé .. pour toutes ses années où j'aurais dû être là. »

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Elle tire quelques bouffées de son joint. ça lui fait du bien, à Juliet. Et puis, elle écoute attentivement son amie. Rien n'avait donc changé. Alors qu'elles ne s'étaient pas vues depuis plus de dix ans. Enfin, Juliet, elle sait que son amie travaille à l'hôpital. Elle la croisait, parfois. Mais, elles s'étaient tellement éloignées qu'aucune d'elles ne faisait attention à l'autre. T'as pas à t'excuser. dit-elle en haussant les épaules. On est toutes les deux coupables de ça. Elle hausse les épaules. Parce que c'est simplement vrai. Jules, elle n'avait pas non plus fait d'effort durant ces années. Elle avait seulement effacé Zoey de sa mémoire, sans jamais revenir à ses côtés. Et comment va ta famille ? Tes parents ? Andrew ? Andrew, son ex. A Jules. Enfin, ça, Zoey ne le sait pas. Parce que son frère et la blonde ont toujours tenu à préserver le secret. Pour Zoey. Ils avaient peur de sa réaction, peur qu'elle le prenne mal. Mais, cette époque était révolue, à présent.

Je n'ai jamais vu ce qu'il fallait dire dans ce genre de situation, ce qu'il fallait faire ou encore penser. J'ai eu la chance de ne jamais perdre de proche. Pourtant dans mon travail, on nous apprend à gérer ce genre de choses. Mais je n'ai jamais été capable de le faire de manière froide, sans émotion. D'après le medecin qui s'est occupé de mon internat, je suis trop sensible. Il pensait même que cela me jouerait des tours dans ma carrière, sauf que je pense que cela m'a juste rendu plus forte, plus motivée que jamais pour sauver des vies. Mais aujourd'hui, c'était différent. C'était Juliet qui souffrait. Je ne devais pas tomber dans le piège du "comment tu vas", je ne devais pas la materné non plus ou l'étouffer. « Comme peine, je pense qu'on ne devrait plus jamais laisser le temps se glisser entre nous, tu en penses quoi ? » Je lui souriais tout naturellement. La retrouver m'avait fait comprendre à quel point elle m'avait manqué. « Andrew va très bien, il s'épanouie à l'hôpital et il est marié. Quant à mes parents, je suppose qu'ils vont bien .. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis Noël. Ils ont pas changés. » Je n'ai jamais été proche de mes parents. Mes parents n'avaient pas vraiment voulus de Andrew et moi, enfin ils voulaient de l'idée d'avoir des enfants, mais pas de l'idée de s'en occuper. « et toi alors ? Tu as pu devenir sage femme comme tu le souhaitais ? »

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Je pense que c'est une très bonne idée. Parce qu'en effet, Zoey lui avait manqué. Toutes ces années sans elle avaient été compliquées. Mais ça, Juliet s'en rendait seulement compte. Elle avait seulement survécu depuis toutes ces années. Andrew, Zoey et leurs parents, c'était toute une histoire. Des parents absents, des parents détestables. Riches, mais seuls. Pour Zoey, les O'Hara avait été une deuxième famille durant son enfance. Et, un peu pour Andrew aussi. Andrew, dont Jules était éperdument amoureuse lors du lycée. Andrew, son premier vrai petit-ami. Si on considère que se cacher nous fait être un vrai couple. Juliet, elle avait eu du mal à décrocher du brun. Tout comme elle avait eu des difficultés à se détacher de Aiden. Tout comme elle souffrira d'oublier ses sentiments pour Steven. Andrew marié, Andrew avait lui aussi fait sa vie. Comme Aiden, comme Jules. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. dit-elle en réponse à Zoey. L'absence de ses parents l'avait lourdement pesée lorsqu'elle était plus jeune. Juliet en était consciente. Et Caillou, tu as toujours des contacts avec ? Deux amies qui ne se sont pas parlées depuis des années. Juliet vient aux nouvelles de ceux dont elle n'en a plus. Oui, j'ai eu tout ce dont je rêvais. dit-elle en tirant une nouvelle bouffée de son joint. Un mari aimant, deux magnifiques enfants, un travail merveilleux. Jusqu'à.. Elle recrache la fumée. Elle marque une pause. Jusqu'à maintenant. Parce qu'elle a tout perdu, maintenant. Son mari, son enfant. Sa vie. Juliet, elle est seule. Isaac est toujours là, bien entendu. Mais, deux des trois hommes de sa vie étaient morts. Et ça, ça hante son esprit. Mais, ça va aller. dit-elle. Je vais me reconstruire. Nous allons nous reconstruire. Parce qu'elle pense à Isaac. Parce que lui aussi avait beaucoup perdu lors de cet accident.

Plus j'y pensais et plus je me demandais pourquoi nous nous étions éloignés. Depuis mon plus jeune âge, je n'étais pas proche de ma famille. Pour moi, je n'avais que Andrew. Le reste de ma famille c'était Juliet et Aiden, c'étaient eux qui savaient me faire rire quand j'avais envie de pleurer, eux qui pensaient à mon anniversaire. Eux et juste eux trois. Elle que j'avais abandonnée.. Je lui souriais à sa remarque sur mes parents, c'était exactement ce que je ne me disais à chaque moi et avec les années, je commençais à vraiment le croire. J'avais fini d'espérer qu'ils soient fiers de moi. « Non, pas depuis au moins quinze ans, je l'avais croisé à une fête étudiante à l'université, il voulait partir en Europe et depuis plus de nouvelle. Et Paige, comment elle vas ? Fini l'époque de la petite fille, je suppose ? » Paige, c'est la petite soeur de Juliet, la dernière fois que je l'avais vu elle entrait dans l'adolescence. Aujourd'hui, c'était une femme, je l'avais aperçu au loin dans la salle. Je voulais parler de chose positif et je me souvenais que Juliet voulait devenir sage-femme alors je lui posais tout naturellement la question. J'étais assez peinée de ce que j'entendais, oui, elle avait perdue une bonne partie de sa vie, de ses amours. Elle voyait le positif et malgré tout, elle pensait à ce petit bout pour lequel elle devait se battre aujourd'hui. « ton fils est magnifique, je l'ai vu toute à l'heure » Je lui souriais. « tu as toujours eu cette force, tu m'impressionnes et puis si un jour tu as moins de force, je serais là  pour vous » Je devais changer de sujet, mais pour lui dire quoi ? Elle venait de perdre ceux qui constituait sa vie, tout ce dont j'allais lui parler lui ferait penser à eux .. Je secouais légèrement la tête. « attend une seconde, tu bosse au Roads Hope ? »

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Paige. Sa soeur, son tout. Son autre. Sa meilleure amie aussi. Toujours aussi liées. Jules et Paige, c'était rare qu'elles se disputent. Deux soeurs soudées. Deux soeurs qui s'aiment. Paige va bien. Elle a grandi, en effet. Elle marque une pause. Sourit à l'idée de sa soeur enfant. Elle est infirmière maintenant. Et, elle est épanouie. C'est tout ce qui compte, pour Juliet. Que ça soeur aille bien. Qu'elle soit heureuse dans sa vie, dans sa carrière. Juliet, elle aime sa famille. Et, par chance, ils avaient toujours été solidaires. Juliet, elle n'a pas grandi dans le luxe. Mais, ils n'étaient pas dans le besoin non plus. En tout cas, les deux soeurs O'Hara avaient reçu suffisamment d'amour durant leur enfance. Et en recevaient toujours. Elle sourit, intérieurement, au compliment de son amie. Oui, Juliet arrive à rester forte -pour le moment. Et surtout, elle tente de l'être pour son fils. Puis, Steven n'apprécierait pas de la voir se dégrader, de la voir baisser les bras. Elle hoche la tête à la question de Zoey. Oui, depuis que j'ai fini l'école de sage-femme. Là, elle n'ose pas lui dire. Qu'elle l'a déjà croisé. Entrevue dans un couloir. Et, Jules, elle avait été trop lâche pour l'interpeller. Ou peut-être même trop hautaine. Seulement, elle n'avait pas fait le premier pas.

J'avais toujours appréciée Paige et le lien qui l'unissait à Juliet. Il était fort, indestructible. Elle n'était pas la vilaine petite soeur qui trainait dans nos pattes, non. Au contraire, quand elle était avec nous, on l'entrainait dans nos aventures. Alors comme ça, elle aussi elle avait choisie le domaine médical. Je ne savais pas si cela me surprenait ou pas.. L'une comme l'autre avait toujours été délicate et sociable. « donc on bosse dans le même hôpital depuis des années, sans que je ne m'en rende compte .. rassure-moi, on ne sait jamais croisé ? Tu m'as pas prise pour l'un de ses medecins snobs, hein ? » Je lui souriais. Dans un hôpital, on croisent tellement de monde. Que ce soit les patients ou le personnel, l'hôpital est tellement grand. J'essaye toujours d'avoir un petit bonjour pour les gens que je croise et qui travaille avec moi. Enfin au même endroit, comme si l'hôpital était une grande entreprise ou plutôt un arbre. Oui, un arbre s'est exactement cela, l'accueil et les urgences sont le tronc et chaque service est une branche. Pour que l'hôpital fonctionne, il faut que toutes les branches soient présentes. Mais parfois, il y avait des ratés, des gens que l'on croisait sans même les voir. J'espérais ne pas avoir été comme cela avec Juliet.. « je sais qu'entre vous, ça a toujours été compliqué .. et je suppose que tu ne l'as pas encore croisé mais ne soit pas choqué si tu vois Aiden dans un couloir. »

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Jules, elle rougit à la question de son amie. Parce qu'elle a raison, bien que tord aussi. Parce que oui, elles s'étaient vues, elles s'étaient croisées. Mais, Juliet, elle avait été trop peureuse pour l'approcher, pour la contacter à nouveau. Alors, qu'elle aurait pu. Elle le sait, Juliet. En fait.. dit-elle hésitante. Moi, je t'ai vu. Mais, tu n'as certainement pas fais attention. Elle lève les yeux au ciel, un léger sourire sur ses lèvres. Et puis, j'ai été trop lâche pour venir te voir. Lâche ou fière, Juliet ne sait pas. En tout cas, elle avait fait l'erreur de ne jamais renouer contact avec son amie. Son amie d'enfance, sa meilleure amie. Elles se connaissent depuis toujours. Se sont supportées, se sont aidées. Elle, Juliet et Aiden. La blonde arque un sourcil lorsque son amie l'informe que le brun travail au Road's Hope, lui aussi. Oui, j'ai déjà eu l'occasion de le voir quelques fois. dit-elle en haussant les épaules. Aiden, l'homme qu'elle avait aimé durant des années. A qui elle n'avait jamais osé avouer ses sentiments. Parce que, Aiden, il la déteste. Sans aucune raison. Sans qu'elle n'ait rien fait. Alors, Juliet, elle était entrée dans son jeu, à l'époque. Elle aussi, elle lui faisait croire qu'il était un être détestable. Pour se venger, pour se protéger. Il me semble qu'il est séparé de la mère de sa fille, non ? Simple curiosité. Aucune arrière-pensée. Juste pour se tenir au courant. Lui aussi était son ami, après tout.

Je fis une moue à sa remarque. « Oh mon dieu, tu as dû croire que j'étais un de ses medecins snob qui maîtrise les autres. Tu aurais dû venir me voir, j'aurais adoré qu'on se retrouve .. encore plus tôt.» Je lui souriais. La relation entre Juliet et Aiden avait toujours été assez complexe. Ils craquaient l'un sur l'autre mais refusaient de se l'avouer, j'avais tenté de les convaincre à l'époque mais sans succès. Alors j'avais décidé de ne pas m'en mêler, les histoires d'amour entre proches, c'est bien quand sa marche. Mais je pense que c'est surtout important de ne pas s'en mêler quand ça ne marche pas. Finalement aucun des deux n'avaient osé se parler de leurs sentiments... Maintenant de l'eau avait coulé sous les ponts mais quand elle me précisait qu'elle travaillait à l'hôpital, je jugeais important de lui dire qu'Aiden y travaillait pour éviter la surprise de se croiser. Parce que je ne pense pas qu'ils s'étaient déjà croisés. Aiden me l'aurait dit. Enfin c'est ce que je pensais, mais il faut croire qu'il est soit aussi aveugle que moi, soit cachetier .. « oui, enfin ! cette femme était un monstre .. la seule chose de bien qu'elle est faite, c'est Rhosea, leur fille. » Je l'ai toujours détesté et elle aussi d'ailleurs. « Donc oui, je te confirme .. sur la seule éternelle célibataire de notre bande d'enfance.. » C'était exactement ça, tous avaient été mariés ou avaient des enfants alors que moi, j'étais seule. J'avais seulement pris des années. Je gardais l'espoir de tomber amoureuse d'un homme bien ou encore d'avoir des enfants. Mais je prenais aussi conscience en lui parlant que même si j'étais heureuse à l'hôpital, il fallait que j'apprenne à décrocher. A avoir une vie.

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Non, je ne t'ai pas du tout jugé. dit-elle en secouant la tête pour accentuer ses dires. Parce qu'en effet, ça n'avait pas été le cas. Alors, elle s'explique. C'est surtout qu'en fait.. Elle marque une pause. Elle a peur de blesser son amie. Je pensais que si nous nous étions éloignées, c'était pour une bonne raison. Et que nos chemins n'étaient peut-être plus faits pour se croiser. Elle fait une moue. Peut-être aurait-elle du garder cela pour elle. Alors, elle se penche un peu et caresse la main de son amie, elle se veut rassurante. Mais je t'assure que je suis heureuse que tu sois là aujourd'hui. dit-elle en effectuant un léger sourire. Je me suis trompée. Oui, elle l'avoue. Elle s'en veut aussi. D'avoir laissé filer le temps entre elles. De n'avoir rien fait pour remédier à la distance qui s'était imposée. Durant toutes ces années. Puis, Aiden. C'est un peu le visage de Juliet qui se fige. Non, elle n'aime pas parler de lui. Bien qu'elle l'ait oublié, le sujet reste sensible. Parce qu'elle avait eu des regrets, la belle. Quand elle avait appris qu'il avait mis enceinte une fille. Quand elle avait appris qu'il allait se marier à cette même fille. Juliet, elle avait déversé plusieurs litres de larmes à cette période. Regrettant de ne pas avoir eu le courage de montrer ses sentiments, de lui avouer. Et puis, elle m'aura permis de tourner la page. dit-elle en roulant des yeux, toujours concernant la femme de Aiden. Au moins, j'ai su que je ne comptais vraiment pas pour lui. Parce que, du moment que Aiden avait construit sa famille, Juliet n'avait plus existé. Ils ne s'étaient plus vus, même avec Zoey. Vaut mieux être seule que mal accompagnée. Regarde Aiden. D'après ce que tu m'en dis, il est mieux seul. ajoute-t-elle en haussant les épaules.

J'écoutais attentivement Juliet. Je dois avouer que j'étais un peu déçue de découvrir que nous avions passés tant d'années à seulement un étage ou deux l'une de l'autre. Je me disais que nous aurions pu nous retrouver plus tôt, que j'aurais pu peut-être connaitre son mari et ses fils. J'avais tout raté dans la vie de ma meilleure amie, dans la vie de celle qui avait toujours été à mes côtés. « tu as raison, c'est triste mais je te comprend. Je me suis souvent posé la question de ce qui nous avaient vraiment séparés. Je ne vois que le temps comme coupables .. et nous. Peut-être qu'on auraient pu agir différemment pour se retrouver plus tôt. Peu importe. Aujourd'hui, je te lâche plus ! » Je lui donnais un petit coup dans l'épaule tout en souriant. Je ne suis pas du genre à croire au destin mais qui sait, peut-être que j'ai tort et que le destin voulait qu'on se retrouve ici, dans ses circonstances là ? « Ce n'est pas forcément cela que ça veut dire.. » Je savais au fond de moi que si il avait coupé les ponts c'était pour réussir à tourner la page sur ses sentiments sur Juliet mais j'avais promis de garder le silence. Cependant, je ne pouvais pas la laisser croire qu'il l'avait simplement supprimer de sa vie.« Des études de médecine et un bébé, c'est difficile à gérer, surtout pour un homme.» Je lui souriais. « Un bon point pour toi ! » Je riais légèrement même si on fond de moi, je n'étais pas tellement convaincue. Autant sa femme était détestable, autant aujourd'hui, il avait Rhosea. Puis je pensais à Juliet, est-ce pire de ne rien avoir ou de tout perdre aussi brutalement ? C'était une question impossible. Injuste. Je haussais les épaules avant d'ajouter. « Enfin, on verra ce que le temps me réserve, au pire, je pourrais toujours adopter ou kidnappé un enfant, faute de trouver un père potable, ça se fait, non ? »

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Juliet, elle sourit au léger coup d'épaule de son amie. Elle non plus, elle ne compte plus la lâcher. Zoey lui avait bien trop manqué. Quoi qu'elle pouvait en dire à l'époque. Bien qu'en réalité, elle ne parlait que très peu de ses amis d'enfance. Peut-être parce qu'elle était nostalgique. Sûrement parce qu'elle n'assumait pas cette séparation. Au moins, j'ai compris que mes sentiments n'étaient pas réciproques. Corrige-t-elle en parlant, encore une fois, de Aiden. C'est plutôt là qu'elle souhaite en venir. Plutôt cela qu'elle voulait dire. Si Aiden avait trouvé une femme et lui avait fait un enfant, c'est qu'il ne s'était jamais intéressé à la blonde. Et bien que le brun ne lui ait jamais fait espéré quoi que ce soit, Juliet avait toujours eu de l'espoir. L'espoir, qu'un jour, elle apprenne que Aiden ressentait la même chose pour elle. Mais c'est du passé. Conclue-t-elle. Parce qu'en effet, Juliet avait fait sa vie depuis. Elle avait aimé. Andrew, Steven. Elle s'était efforcée de l'oublier, Aiden. Et malgré que cela avait été difficile, elle y était arrivée. L'adoption, oui. Le kidnapping, je n'en suis pas certaine. dit-elle en réponse à son amie. Zoey lui redonne le sourire. Bien que les circonstances ne s'y apprêtent pas. Jules, elle sourit. Si tu veux, on fera un enfant ensemble. ajoute-t-elle. Comme pour rentrer dans le délire de la brune.

Je ne savais pas vraiment à quoi aurait pu ressembler le couple Aiden/Juliet mais je pense qu'ils auraient pu s'entendre. Ils avaient déjà le point commun d'être aussi têtus et aussi peureux l'un que l'autre puisque personne n'avait jamais fait le premier pas. Enfin, ce n'était pas mes histoires, je ne voulais perdre ni l'un, ni l'autre et le mieux était de les laisser gérer leurs coeurs. Les âmes soeurs se retrouvent toujours. Je sais, je suis une romantique bidon mais je m'en fiche ! Nous parlions de la famille, des familles que chacun de mes proches avaient crées. Sauf moi.. Et faute de trouver un père, j'envisageais l'idée de trouver un enfant, hésitant encore sur la démarche a effectuer. « même si je le prend tout petit petit ? » Je faisais un geste avec ma main laissant peu d'espace entre mon pouce et mon index tout en souriant à Juliet. Juliet qui me répondait par un sourire. Et je dois dire que j'étais fière de moi, fière d'avoir réussi à la faire sourire, un jour où elle avait surement envie de tout sauf de cela. J'avais l'impression d'avoir réussi une mission, ma propre mission. J'avais fait mine d'hésiter à sa solution avant de confirmer. « Pourquoi pas, ça peut être une bonne solution pour faire un super bébé. Une mini moi tout bouclé ! » Je riais légèrement. Un mixte entre Juliet et moi, ça pourrait rendre un bébé plutôt sympa. « Enfin bref, j'ai encore quelques années avant la ménopause, je perdrais espoir dans quelques temps. »

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