Ses yeux fixaient le tableau blanc en face de lui. Chose étrange, c’était un moment qu’il redoutait tout particulièrement. Oliver était le genre de mec qui n’avait pas froid aux yeux, que rien ou presque ne pouvait déstabiliser. Mais il y avait un problème : les résidents. C’était presque maladif chez lui, quoiqu’il fasse, il ne supportait tout simplement pas partager son savoir. Il trouvait ça contraignant, presque ennuyant. Il n’était tout simplement pas fait pour ça, mais les règles de vie dans un hôpital étaient ainsi faîtes. Il devait enseigner tout ce son savoir aux résidents, c’était son rôle. Mais un rôle dans lequel il était tout simplement exécrable, une sorte de poids constant sur ses épaules, la partie du métier qu’il haïssait le plus. L’opération programmée allait durer des heures et il pensa un moment à sa fille, mais elle avait l’habitude des horaires impossible de son père. Pourtant ce dernier s’inquiétait assez souvent et avait comme habitude de constamment demander de ses nouvelles. C’était plus fort que lui, il agissait de cette manière et bien que conscient qu’il laissait peu de liberté à sa fille, il ne voulait pas que ça change. Patientant devant le tableau, il redoutait le nom du résident qui allait l’assister. Il voulait quelqu’un d’un tantinet intelligent, qui puisse au moins le suivre quand il tenterait d’expliquer l’opération qu’il s’apprêtait à pratiquer. Il vit le nom Coleman écrit de manière exécrable, pensa un instant à la chef du service de pédiatrie de l’hôpital avant de se raviser, le souvenir que la fille de cette dernière travaillait ici aussi mettant fin à son interrogation. Il tourna des talons, non sans un soupir, comme si il s’apprêtait à affronter un parcours du combattant. Son portable dans la poche de sa blouse, il tenta d’appeler sa fille, en vain. Son rituel n’était décidément pas accepté par cette dernière. Il aurait tellement voulu qu’elle le comprenne, qu’elle sache pourquoi il agissait de cette façon avec elle. Mais il savait qu’elle ne pouvait pas s’en rendre compte. Alors finalement, il laissait couler, remettant son cellulaire dans sa poche. Il arrivait finalement devant la chambre de son patient. Il n’aimait pas non plus le contact avec les patients, le trop plein de questions qu’ils pouvaient avoir, leurs espoirs placés en lui, tout ce melting pot le mettait mal à l’aise. Si il n’était pas aussi bon dans son domaine, Oliver ne serait très certainement pas un bon médecin. Fixant sa montre, il attendant devant la chambre, la résidente assignée à l’opération n’étant toujours pas arrivée. Il n’aimait pas patienter, ce n’était pas dans son caractère. « - J’ai pas que ça à faire … » Voilà ce qu’il marmonnait. Patienter, ne rien faire, c’était quelque chose qu’il détestait. Sur le moment, sa résidente ne lui laissait certainement pas une bonne impression.

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Brainwash

Diane & Oliver

Courir, courir, courir. C’était une chose primordiale que Diane avait appris à faire depuis qu’elle travaille au sein de cet hôpital. La médecine a toujours été une vocation pour elle. On pourrait croire qu’elle a décidé de suivre ce métier en honneur à sa mère, ce qui n’est pas faux en soit, mais cette vocation est un peu comme une destinée pour elle. Elle ressent le besoin de soigner et d’opérer constamment. Ayant réussi son examen de résident haut la main, elle n’a pas ce soucis de se demander si elle trouvera un emploi demain, plusieurs hôpitaux voulaient employer la jeune femme, mais elle ne comptait pas quitter Roads Hope de sitôt et cela avait fait sourire sa mère. Jamais elle ne lui aurait dit clairement qu’elle souhaitait la voir rester ici, ni même qu’elle était fière d’elle, mais Diane le ressentait. Ce matin-là, après de nombreuses heures de garde, Diane se tenait aux côtés d’une patiente. Malgré son travail exemplaire, elle ne savait pas encore comment se détacher des patients. Elle avait cette fâcheuse tendance à laisser l’émotionnelle prendre le dessus dans certaines situations.  Elle travaillait dessus et en sachant qu’elle était dans le même service que North ne pouvait que l’aider dans cette tâche.
Malgré tout ce qu’il pouvait essayé afin de se montrer froid et légèrement désopilant à certains moments, il n’arrivera pas à se débarrasser de la jeune Coleman si facilement. Elle compte bien lui montrer sa pugnacité et son envie de s’investir pleinement dans tout.  L’une de ses patients la retient un peu trop longtemps aux yeux de certains chirurgiens, mais elle ne pouvait pas la laisser aussi inquiète. Alors une fois la patiente rassurée, elle prit la direction de la prochaine chambre d’un patient, une intervention prévu avec ce grand neurochirurgien. Arrivant devant la porte, elle y croise Oliver : « Je suis dans votre service aujourd’hui, Dr North. Je suis désolée, j’étais avec une patiente. » Un sourire se présente sur son visage, bien qu’elle savait très bien que cela ne serait pas forcément réciproque. « Vous êtes déjà allé voir le patient ? »   Diane n’avait pas encore décidé de sa spécialité, mais elle avait encore un peu de temps afin de s’arrêter sur un domaine spécifique. La pédiatrie n’était pas un de ces domaines de prédilection et cette fois elle ne voulait pas être associée à sa mère. Se tenant devant la chambre du patient, elle sera une seconde paire de main pour ce neurochirurgien et elle ne compte pas rester absente durant l’intervention. Elle devait vraiment se mettre en avant avec lui et apprendre à lui tenir tête afin qu’il puisse la prendre au sérieux et prendre la décision de lui donner un peu de responsabilités. Sur sa tablette, tous les antécédents du patient étaient indiqués et elle se tenait prête afin de pouvoir aider au mieux le Dr North.

Surpris ?  Il l’était sur le moment. Diane Coleman, résidente de son état, pas maladroite de ses mains. Et puis sa mère était une chef de service qu’Oliver estimait beaucoup, ce qui était rare de la part du neurochirurgien. Pendant un bref moment de silence, il se lança dans une sorte d’analyse de cette dernière, qu’il ne connaissait que de nom et de bruits de couloir. Pourtant il n’était très certainement pas le plus fin des analystes comportementaux mais il voyait en elle un peu de lui même, ce qui était suffisant pour le chirurgien : « - Cette patiente est mourante ? Auquel cas ça ne justifie pas que vous lui prêtiez plus de temps qu’à un autre patient … Mais passons, je suis de bonne humeur aujourd’hui ! » De bonne humeur ? On pouvait dire ça. L’humeur d’Oliver était souvent assez particulière. Une sorte de bipolarité se créait en lui, surtout en situation de stress et il n’y avait pas plus stressant que le métier de chirurgien. Mais le stress était son adrénaline et lui permettait justement d’exceller dans ce domaine si particulier de la neurochirurgie. « - Avant de rentrer, je tiens juste à préciser quelque chose … Je n’en ai rien à faire que votre mère travaille dans cet hôpital. Je ne fais pas de favoritisme. Je ne choisis jamais mes résidents, donc si on vous a assignée à moi, c’est que vous devez être une bonne chirurgienne … » Sans attendre une quelconque réponse de cette dernière, il rentra dans la chambre du patient, laissant son portable au fond de sa poche. « - Bonjour Mr. Hendricks, je suis le Docteur North je suis le neurochirurgien qui va vous opérer aujourd’hui. Je serai assisté par le Docteur Coleman ici présente. Vous avez actuellement un anévrisme cérébral et je vais devoir clipper ce dernier pour éviter toute hémorragie. Ceci étant dit, si vous avez des questions, je suis sûr que le Docteur Coleman se fera un plaisir de répondre, même si il ne nous reste plus beaucoup de temps … » Jetant un œil sur sa résidente, il sortit aussi vite qu’il était entré, il n’aimait tout simplement pas le contact avec les patients. Cela n’avait jamais été son point fort. Attendant tranquillement à l’extérieur,  lorsque la jeune femme sortit enfin de la chambre, il lui fit signe de la suivre. « - Vu que c’est la première fois que vous êtes dans mon bloc opératoire, je dois vous faire un topo sur ma manière d’opérer … Je n’enseigne pas. Je ne suis pas un bon professeur, je ne suis pas fait pour ça. Mais je peux vous être utile. La plupart de mes collègues mettent du temps à faire confiance à leurs résidents … Moi pas. Vous êtes là pour une raison, c’est sauvé des vies. Donc à un moment donné, je vous dirai de prendre ma place … Avez-vous déjà assisté des opérations en neuro ? » C’était d’un pas pressant qu’il débitait de son accent anglais toutes ces paroles, comme si c’était sa vie qui était ici en jeu. Il était surtout pressé d’en finir, car cette Diane Coleman devenait petit à petit  intimidante pour ce frustré de l’autorité qu’était Oliver.

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