✃ Comment êtes vous arrivé au Road's Hope Hospital? J’y suis née. Plus sérieusement, mon père était technicien au Road’s Hope Hospital. Petite, il m’y emmenait de temps à autres, sûrement lorsque la Nounou n’était pas disponible. Il me montrait les recoins mystérieux de cet énorme bâtiment. Je me suis prise d’affection pour cette atmosphère si particulière. Et voir les chirurgiens dans les couloirs, toujours occupés à se rendre quelque part d’aussi mystérieux que le bloc, avec leur blouse comparable à des caps. J’étais impressionnée. Alors j’ai décidé que je rejoindrai le personnel de ce château –pardon, hum- Hôpital !
✃ Quels sont vos pires et meilleurs souvenirs dans cet hôpital ? Le pire souvenir que j’ai eu dans l’enceinte de l’Hôpital est le premier décès auquel j’ai assisté au bloc. Je venais de commencer mon nouveau job d’infirmière, j’avais seulement presté deux jours… autant dire qu’on est vite plongé dans le bain. On y est préparé et pourtant, c’est autre chose de le vivre. C’était un jeune adulte, mon âge sûrement, gravement blessé dans un accident de la route. Je suis peut-être parano mais j’ai l’impression que l’on peut sentir lorsque l’âme s’en va. Le corps ne semblait plus être défini en tant que tel, ce n’était plus qu’un sujet vide de vie. C’est triste.
Mon meilleur souvenir, quant à lui, se trouve être le matin qui a conclu ma toute première garde. J’étais littéralement sur les genoux. J’avais beau être en excellente santé, la fatigue que l’on ressent après ce marathon est complètement différente. En quittant l’Hôpital, le soleil se levait à peine, c’était un paysage magnifique et l’air était rafraichissant. Comme je n’ai pas les moyens de me payer une voiture, mes déplacements se font principalement à vélo –les distances me le permettent aussi. Ce matins-là, j’avais enfourché mon vélo et avait parcouru tranquillement le chemin me menant tout droit à mon lit, les cheveux au vent, libérée. A ce moment exact, je savais que c’était la vie que j’avais choisie. C’est un simple souvenir mais ce moment de rare satisfaction est le meilleur de tous.
✃ Comment voyez vous votre avenir aujourd'hui? J'avoue ne pas me préoccuper de mon avenir. Réussir une belle carrière, me battre pour arriver au sommet. En ce qui concerne ma vie privée, je n'en sais strictement rien. Peut-être essayer de garder un petit ami plus de deux semaines, ce serait bien. Même mes plantes vertes tiennent plus longtemps que mes relations alors que je suis une piètre jardinière.




C'est une tea-addict, elle boit rarement de café mais le thé est sa boisson de prédilection. Elle a d'ailleurs pas mal de goûts différents dans ses armoires.  + Ses parents sont repartis en Angleterre lorsqu'elle avait vingt ans. Elle a appris à se gérer seule, elle ne leur demande jamais d'argent, elle tente de s'en sortir par elle-même. + Ringo est à l'Hôpital la plupart de son temps, elle n'arrive donc pas à prendre soin d'animaux de compagnie. C'est pourquoi, pour combler la présence d'un chaton ou d'une perruche, elle a adopté un hamster nommé James Bond. C'est un animal plutôt indépendant, ce qui lui facilite la tâche. + Son appartement est un vrai foutoir, mais elle s'y retrouve! Elle a peur des maniaques, elle aime que ses affaires ne soient pas parfaitement rangées, ça la rassure. Attention, ce n'est pas pour autant qu'elle ne fait pas le ménage, son appartement est propre -dans la mesure de son emploi du temps. + Depuis un an, elle ne vole pas simplement des médicaments pour les revendre avec ses amis, elle chipe au passage un peu de morphine pour sa consommation personnelle. Elle a eu le malheur de vouloir essayer pour connaître les effets, Ringo est maintenant presque accro. Elle ne veut pourtant pas se l'avouer et garde son petit secret. + Elle adore les soirées entre amis, sa bande de potes est sa seconde famille, elle les aime comme si il étaient ses frangins. + Des plantes vertes décorent son appartement, le seul hic est qu'elle ne sait pas trop les tenir en vie. Elle oublie souvent de les arroser. + Le bloc est son endroit favori, c'est le lieu où tout est possible, là où les problèmes extérieurs n'ont pas leur place. Elle apprécie ce petit coin de paradis. + Elle est douée dans son job, c'est une très bonne infirmière de bloc. Une fois aux côtés d'un chirurgien, elle se transforme en caméléon et connaît ainsi leurs habitudes, leurs façon de faire. Elle appréhende leurs besoins. Elle s'efface le temps de l'opération pour ne devenir que la paire de main dont le chirurgien a besoin.

Ringo tente d’agir normalement, ce n’est jamais très facile lorsque l’on sait que l’acte même est illégal et pourrait avoir de graves répercutions sur sa carrière. Néanmoins, ça en est presque devenu banal même si la prudence est toujours de mise. Cela fait trois ans qu’elle marche dans la combine, trois ans qu’elle vole des médicaments pour ensuite les distribuer à quelques accros. Au départ, son but était d’aider Jimmy et sa maman, elle ne tirait pas profit de cette magouille. Mais ils ont continué vu le succès de ces drogues. Ringo ferme rapidement la porte de la pièce, la salle de stockage. Elle connaît les armoires par cœur ; aujourd’hui, au programme, une fiole par-ci par-là seront dérobées. Tout est dans la subtilité, elle ne se risque pas à voler gros, elle préfère la jouer plus fine. Si la quantité est minime, on pourrait croire à une erreur de rapport. Sas main se balade sur une étagère et y attrape une fiole de morphine, plus loin, l’adrénaline y passera aussi. Le calme de la pièce se brise lorsque le portable de Ringo émet une sonnerie, ce qui a le don de faire sursauter la demoiselle dans ce moment stressant. Elle se dépêche de glisser son butin dans sa blouse et répond rapidement à l’appel. « Allô ? » « Bonjour ma chérie ! Est-ce que tu vas bien? tu as l’air essoufflée » « Ton appel m‘a fait sursauter, rien de plus. Je bouquinais. Quoi de nouveau à Liverpool ? » Ringo sait qu’il suffit de lancer cette question banale pour que sa mère raconte les moindres nouveautés de leur vie tout aussi banale. Elle apprécie énormément ses parents, elle est cependant contente de ne plus vivre sur le même continent. Après avoir passé une petite vingtaine d’année à LA, ils ont décidé de repartir s’établir dans leurs terres natales. Ce sont des gens adorables mais très envahissants. « Oh tu sais, plein de choses ! La voisine a un nouveau chat, le facteur s’est encore confondu notre adresse,… Et puis, une petite boutique a ouvert près des Docks, ils sont très sympathiques et j’ai… » Ringo sourit intérieurement, c’est bien sa mère ! Elle sait qu’elle n’a pas besoin de prêter une grande oreille à tous ces détails, elle les répètera au cours d’une autre conversation. Ce qui lui simplifie la tâche, elle peut se concentrer sur sa discrète sortie de la pièce dont elle est toujours prisonnière. Ni une ni deux, elle se retrouve dans le couloir et tente rapidement de se fondre parmi les passants. Son pas est plus lent, elle peut relâcher la pression, elle s’en est sortie encore une fois sans problème. « Quand viens-tu nous rendre visite ? » La question qui revient à chaque appel. Ringo lève les yeux au ciel avant de répéter une énième fois que son boulot ne lui permet pas de venir les voir aussi facilement. Elle préfère faire ses preuves avant de s’autoriser à prendre des jours de repos. « Je dois y aller, je t’aime ! ».


« Je pense que ce serait mieux qu’on arrête de se voir. » Son verre de tequila entre ses deux mains, Ringo aurait aimé le lui jeter à la figure et pourtant elle n’en a pas envie. Elle se doutait que ça arriverait même si elle espérait au fond d’elle que cette relation durerait un peu plus longtemps que les autres. Pas la peine de se remettre une énième fois en question, apparemment elle les fait fuir. Peut-être est-ce son boulot qui tient une place trop importante dans sa vie ? Ringo adresse un sourire désolé à son petit ami -pardon… ex petit ami-, avale le reste de son verre en une rapide gorgée avant de tourner les talons et de s’éloigner de ce bar qui, ce soir, se trouve être trop déprimant à son goût. L’air frais de cette nuit plus fraiche qu’à l’accoutumée efface les effets de l’alcool, un coup de fouet qui lui fait du bien. La jeune demoiselle s’apprête à quitter le trottoir du bar lorsqu’une altercation entre plusieurs hommes l’interpelle. Non pas qu’elle se sente l’âme d’une justicière ; en tant que jeune femme d’aspect frêle, elle ne se hasarderait jamais dans une querelle masculine malgré son tempérament de casse-cou. Non, c’est une voix bien particulière qui l’oblige à faire demi-tour afin de s’y mêler. La voix en question n’est autre que celle du chirurgien cardio-thoracique que Ringo assiste très régulièrement au bloc. La vue de ce chirurgien prêt à se battre avec de pauvres mecs débauchés la met hors d’elle. A vrai dire, cette bagarre l’importe plus que sa propre séparation amoureuse. Ringo s’immisce à travers les hommes et pousse fermement son chirurgien hors de l’emprise belliqueuse qui se refermait sur lui. Elle le pousse, elle le tire le plus loin possible avant de lui faire volte-face « Vous avez perdu la tête ou quoi ? Vous alliez sérieusement vous battre ?! Vos mains valent je ne sais combien d’argent… C’est irresponsable de mettre votre carrière en danger pour une simple fight ! Vous mérit… »  « Jameson ? » L’homme est visiblement surpris. Etonné d’abord de rencontrer son infirmière de bloc maquillée et habillée autrement qu’en blouse. Ensuite, il devra bien avouer qu’il ne s’attendait pas à ce retournement de situation : Elle, et non lui, donnant des ordres. La jeune femme se laisse aussi prendre par la surprise. Sur le moment, ça ne l’avait pas choquée de le voir ainsi, mais maintenant qu’il se trouve face à elle, elle ne peut nier que ça fait tout bizarre. Alors sa furie s’épanouit et laisse place au calme. « Je pense que ce soir, vous pouvez m’appelez Ringo » dit-elle avec un doux sourire. « Comme Ringo Sta… » S’amuse-t-il avant d’être interrompu par la demoiselle fatiguée d’entendre cette remarque à longueur de temps. « Oui, oui, comme Ringo Starr des Beatles. Vous n’allez pas faire de plaisanterie ou rire comme les autres ! » Le chirurgien redevient sérieux, il ne se laisserait pas tenter par une moquerie après la colère de Ringo. « Vous devriez rentrer chez vous, et gardez vos mains loin de toute catastrophe ! » Il est hors de question pour l’infirmière de perdre son petit ami et son chirurgien attitré dans la même soirée. Elle lui souhaite ensuite une bonne nuit avant de rejoindre son vélo non loin du bar.