Quand l'un de nos proches travaillent à l'hôpital, il est vraiment compliqué de lui donner rendez-vous. Il sait à quel heure il commence, mais pas tellement à quel heure il finit. Il suffit qu'il est une urgence pour qu'un rendez-vous soit raté... Alors imaginé l'organisation d'un rendez-vous quand les deux personnes travaillent dans l'hôpital. C'est un peu à cela que ressemble tout les rendez-vous puisque la plupart de mes proches travaillent à l'hôpital. Et mon cher frère n'échappe pas à la règle. Sauf que lui en plus de l'hôpital, il a ses rendez-vous avec les jolies demoiselles de la ville. Alors, j'avais ma technique, celle que j'utilise depuis que j'ai quatre ans, les yeux de chiens battus, ça fonctionne toujours. Surtout que je sais qu'il sent que j'ai un secret, enfin si je peux appeler cela un secret, la réalité c'est que je n'en sais rien. De mon côté aussi, je sais qu'il me cache quelques choses, je l'ai parfaitement sentie quand on s'est croisés tout à l'heure dans le couloir. Il a eu beau me dire que tout allait bien, je savais qu'il y avait quelques choses c'était pour cela que j'étais passé durant ma pause dans son service pour lui dire de ne rejoindre vers vingt-heures à la plage, j'avais ajouté que je ne voulais pas qu'il me pose un lapin, mes yeux de chiens battus et hop, j'étais reparti avant qu'il n'ai le temps de me dire non. Quelques heures plus tard, j'étais à la plage, assise sur un ponton, les jambes se balançant dans le vide. J'avais eu le temps de passer au loft pour me changer et enfiler une tenue plus décontractée.

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Quand je suis chez moi, je ne dors plus, je ne mange plus, mon esprit prend le pas sur mes fonctions vitales, sur le primaire et l’essentiel. Alors comme d’habitude, pour m’empêcher de penser, le meilleur remède est le travail. Après quelques heures à la maison à me retourner encore et encore dans mon lit, à peser le pour, le contre, le pourquoi, le comment, le ce qu’il adviendrait, et j’en passe, mais surtout avant de devenir fou, j’ai décidé de revenir à l’hôpital. C’est impossible, c’est insupportable. Alors j’enchaine les patients, sans relâche, sans même me lasser, parce que je sais qu’il vaut mieux ça plutôt que d’avoir un instant de répit et de laisser mon esprit s’évader. Je suis même allé jusqu’à passer aux urgences et proposer mon aide pour des cas dont un interne saurait s’occuper. Quelques examens de routine, des plaies à recoudre, des médicaments à prescrire. Je ne l’aurais pas fait toute la journée, mais ça m’a occupé le temps que je sois appelé sur un nouveau cas. C’est d’ailleurs entre les deux services que j’ai croisé ma sœur, lui adressant un sourire et un bonjour de loin. Elle a surement dû remarquer que j’avais un peu la tête ailleurs, mais ce n’est pas à elle de me faire des remarques à ce sujet, elle qui a un comportement plutôt bizarre et ce depuis quelques mois, alors que moi ça ne fait que deux jours. Ce qui me frustre le plus c’est que jusqu’ici, je ne suis pas arrivée à l’avoir entre quatre yeux et à lui faire lâcher le morceau. C’est pourtant si facile d’habitude. Elle me surprend en m’arrêtant pour me demander de la retrouver en début de soirée sur la plage. J’arque un sourcil. La plage ?! Je ne vois pas pourquoi mais j’acquiesce, de toute façon, elle insiste sur le fait que je ne peux en aucun cas refuser ou lui poser un lapin, s’enfuyant avant que j’aie le temps de la contredire. Je retourne ensuite à mes propres occupations, vérifiant tout de même mon planning, elle a de la chance, je n’ai pas d’opération prévue ce soir.

Mon boulot me prend tellement que j’en oublie de regarder l’heure, c’est en m’apercevant que le soleil commence à tomber à travers la vitre que je pense à jeter un coup d’œil à l’horloge qui orne le mur de la patiente. Merde. Vingt heures moins quart. Même si je finissais maintenant, je ne serai jamais à l’heure. Elle comprendra, elle comprend toujours. Je finis l’examen de la future maman par une échographie, rien d’alarmant aujourd’hui mais il faudra que je repasse demain. Je finis par réussir à me faufiler jusqu’aux vestiaires, évinçant toutes les questions de mes collègues. Je n’ai vraiment pas de temps pour eux. Je me change et me rends enfin vers le parking. En coure de route, je m’arrête devant un chinois pour y prendre un plat de nouilles et un autre, le préféré de ma sœur. Je la connais, elle n’aura pas pris le temps de manger. Moi non-plus d’ailleurs, si j’avais été à sa place. Donner rendez-vous à la plage aurait été vague pour n’importe qui, mais je connais Zoey, et je sais dans quel secteur elle va se réfugier. Je ne mets que quelques minutes à la trouver, de loin. Je la reconnaitrais entre mille, même avec la pénombre. Je me diriger vers le ponton où elle m’attend. « C’était vraiment nécessaire de se retrouver si loin ? » lui demandais-je, assez surpris de ce choix. Je me glisse entre les bouts de bois de la rambarde et m’installe à côté d’elle.  « Désolé pour le retard. » Je sais qu’elle va quand-même me rétorquer quelque chose, je la coupe en brandissant mon laisser passer : la bouffe. « Mais j’ai une bonne excuse ! »