Il attend, patiemment. Là, dans son fauteuil. Les yeux rivés sur la porte d'entrée, rivés sur l'horloge qui trône au dessus. Quatre heures du matin. A entendre. La bouteille de whisky y était passée. Trop impatient, trop énervé. Zachariah, qui s'est retenu de ne pas y aller. Aller à sa rencontre, la ramener directement à la villa. Sa fille, sa pute, sa soumise. Zachariah qui s'est retenu. De faire un scandale, de tuer de ses propres mains l'autre. Pas elle. Elle, elle le regrettera. Mais, il ne touchera pas à un seul de ses cheveux. Enfin, il ne fera pas couler son sang. Mais l'homme, cet homme, celui avait qui elle était à ce moment précis. Lui, il allait souffrir. Pas ce soir. Parce que, Zachariah, il attend son retour. Il attend que la traînée rentre. Il attend d'avoir des explications. Il ne la croira pas. Il le sait. Mais, Zachariah, il veut lui laisser une chance. De toute façon, il ne sait même pas si elle rentrera à la villa. Peut-être qu'elle ira dans son appartement. A elle. Même s'il est rare qu'elle y mette les pieds. Parce qu'elle est mieux, avec Zach. Et, Zachariah, il est bien avec elle. Lui, si solitaire. Lui, qui s'étonne d'aimer la compagnie d'une femme. D'apprécier son sourire, son rire. Rien que ses yeux. Non, il s'extirpe de ses pensées. Hors de question de devenir doux. Même avec elle, même avec celle qu'il aime. Et puis, il entend la voiture se garer. Sa mâchoire se crispe, ses poings se serrent. Il descend d'une traite son verre de whisky, le dernier de la bouteille. Zachariah alcoolisé, Zachariah énervé. Alors, il se plante là. Attend quelques minutes, peut-être quelques secondes. Elle franchit le seuil de la porte. Lui, dans la pénombre. Elle, qui éclaire la pièce. C'est qui ce type ? Zach qui se lève, Zachariah dangereux. La colère dans ses yeux. Il s'approche d'elle. Avec qui t'as dîné. Il précise. Parce qu'il se doute qu'elle ne peut lire dans ses pensées. Zachariah qui traque, Zachariah qui sait tout. Pourtant, elle le sait, elle aussi. Que lui, il apprend tout. Que lui, il sait ce que toutes ses filles font les nuits.

Tes talons claquent sur le trottoir alors que tu rejoins ta voiture, t'as presque l'impression que le monde t'appartiens. Les rues sont désertes et la nuit est fraîche pour un soir d'été. Il faut dire que la nuit est bien avancée, étonnamment, la soirée ne t'as pas semblé interminable. C'était presque appréciable, même. C'est pourtant pas dans tes habitudes de trouver ton activité un peu moins déplaisante le temps de quelques heures. D'ailleurs, il n'est pas non plus fréquent que tu accompagnes un client dans un autre lieu qu'une chambre d’hôtel ou une voiture, sûrement pas un restaurant, mais justement, ce soir il avait insisté. Au départ, t'étais pas certaine de devoir accepter mais après tout, il était client, il ne fallait pas en perdre un seul au risque de se voir sévèrement réprimandé. D'autant plus que comme tout client, il est roi et toi, t'es simplement là pour lui offrir tout ce qu'il attend de toi. Rare sont ceux qui en veulent plus que ton corps, c’est plutôt une exception, une sorte d’extra s’il l’on veut. Tu sais qu'il est tard, t'hésites même à rentrer à la villa seulement ton appartement est bien plus loin et tu n’as pas tellement le courage de t’y rendre, à cet instant tu rêves simplement de pouvoir t’allonger sur un lit. Tant pis, tu optes pour la facilité, tu vas retrouver Zachariah en toute discrétion.

Tu approches enfin et te gare dans l’allée avant de te diriger rapidement vers la grande demeure. Lorsque tu franchis la porte de sa villa, tu es plongée dans la pénombre, Zachariah ne t’a certainement pas attendu. Ta main frôle le mur avant de finir par trouver l’interrupteur pour éclairer la pièce. Tu ne t’y attends pas et tu sursautes légèrement en voyant finalement qu’il se trouvait juste là, dans l’obscurité. Il se lève pour s’approcher de toi alors que tu retires ta veste et t’interroge froidement. « Bonsoir », que tu souffles tout de même, histoire de lui faire comprendre qu’à peine avoir passé la porte, il t’agressais pour avoir des explications. Son visage est fermé, tu remarques tout de suite que quelque chose ne va pas. « Un client. » Tu te contentes de répondre simplement, de lui dire vraiment ce qu’il en est. Tu sens bien que ce n’est pas le moment de jouer avec ses nerfs, qu’il n’est pas d’humeur à plaisanter, ni même à patienter. « Il y a un problème ? », finis-tu par demander d’une voix douce en te retournant vers lui.

Il sert les poings, debout devant elle. S'il y a un problème ? Bien entendu. Elle, si fragile. Alice, inconsciente. Elle ne comprend pas, apparemment. Lui, il n'a pas envie de se perdre dans des explications. Non, elle venait de franchir une limite. Une limite imposée. Lui, il pensait qu'elle savait. Qu'elle était sienne. Qu'elle n'avait pas à dîner avec des hommes. Non. Alice, elle ne doit qu'écarter les cuisses. Rien de plus, rien de moins. Depuis quand je t'ai autorisé à dîner avec des clients ? Zachariah, le maître. C'est lui qui décide, c'est lui le patron. Lui, le proxénète. Surtout avec Alice. Il choisit ses clients. Il choisit les personnes qu'elle fréquente. Elle est sa chose. Et Zachariah, il a bien trop peur de la perdre. Il a bien trop peur qu'elle tombe dans les filets d'un autre. Le prédateur énervé. Sa mâchoire se sert. Il ne veut pas la blesser, il ne veut pas lui faire du mal. Tant psychologiquement, que physiquement. Mais, Zachariah, il a du mal à se contrôler. Zachariah, il est violent. Il le sait, c'est sa nature. Et puis, il n'a pas envie de changer cela. Je pense qu'ici, c'est encore moi le patron. lâche-t-il. Il s'éloigne d'elle. Part s'asseoir à nouveau sur le fauteuil. Sans oublier d'ouvrir une nouvelle bouteille de whisky et de s'en servir un. Zachariah peut-être un peu ivre. Ce qui amplifie sa jalousie, sa colère. Zach, il ne cherche pas à comprendre pourquoi. Non, il ne voit que le mal. J'espère que t'as pris ton pied. ajoute-t-il sans même la regarder.

Zachariah ne dormait pas non, il semblait meme attendre ton retour depuis des heures. Tu ne tardes pas à remarquer la bouteille de whisky vide, celle qui traîne sur la table, celle qu'il s'est enfilé en t'attendant. Il est sur les nerfs, tu le sens tendu et lorsqu'il t'adresse la parole ce n'est pas pour se radoucir. « Je pensais pas que ça dérangerait. » C'était vrai, tu ne t'attendais pas à ce qu'il réagisse ainsi, après tout il n'avait jamais clairement défini de règle à ce niveau là. En y réfléchissant, t'avais presque envie de rire tant la situation était grotesque, comme si le fait que tu te fasses prendre par n'importe qui ne le dérangeait pas le moins du monde alors qu'un simple dîner avec un client lui était insupportable. « Tu m'as toujours appris à satisfaire le client, ce que j'ai fait. » ajoutes-tu pour lui prouver que ce n'était pas une quelconque provocation de ta part. « Oui. », te contentes-tu de souffler, approuvant ainsi ce qu'il venait de te rappeler. Soudain, il s'éloigne de toi, il retourne se fondre dans le fauteuil avec un nouveau verre. Il ne te regarde même plus et te balance quelques mots. A l'entente de sa question tu te crispes légèrement, il te cherchait ouvertement. Ton comportement aurait-il éveillé fortement sa jalousie ? Ça en avait tout l'air. « Qu'est ce que ça peut te faire ? », lâches tu presque provocante en quittant tes escarpins avant de t'avancer un peu plus dans le salon. T'avais peut-être été un peu loin cette fois-ci, il risquait de ne pas apprécier. En même temps, il avait beau être ton patron comme il disait si bien, tu n'aimais pas le ton qu'il employait avec toi, surtout que tu n'étais plus censé être en activité, t'aurais tout à fait ou choisir de rentrer chez toi, et t'aurais peut être mieux fait.

Zachariah s'énerve un peu plus. Par sa première phrase, à la brune. Elle sait, pourtant. Elle doit savoir, Alice, que Zachariah ne peut tolérer cela. Elle le connait. Enfin, c'est ce qu'il pense. Mais il ne répond pas. En fait, il ne dit rien. Jusqu'à son dernier pic. Jusqu'à ce qu'elle dépasse la limite. Cette ligne à ne pas franchir. Zachariah il se lève, un râle sort de sa bouche. Soudainement, énervé. Un lion en cage, un prédateur qui saute sur sa proie. Là, il s'approche d'elle. Zach, il sait qu'il va, lui aussi, dépasser les limites. Celles qu'il ne veut franchir. Parce que, Alice, il l'aime. Même s'il ne lui dit pas, même s'il ne lui avouera jamais. Alice, il ne veut pas lui faire du mal. Mais là, c'est Zachariah le prédateur qui s'éveille. Là, il empoigne la brune. Il la colle au mur. Violent. Ce que ça peut me faire ? demande-t-il en criant. Oui, il hurle. Sa main droite tenant Alice par le cou. Serrant peut-être un peu fort. Trop fort. C'est moi qui décide. siffle-t-il. Je choisie avec qui tu couches, avec qui tu manges, avec qui tu dors. Lui, et exclusivement lui. Non, Zachariah ne supporte pas. Il ne l'accepte pas. Il la tient toujours. Dominateur. Sa main se détend un peu autour du coup de la brune.

T'as été trop loin cette fois-ci. T'as voulu jouer mais avec Zachariah c'est un peu risqué. C'est lui le maître du jeu, celui qui contrôle tout, qui sait tout. D'ailleurs, tu n'étais même pas encore rentré qu'il savait que tu dînais avec un type ce soir. Tu sais qu'avec toi, il est plus exigeant Zachariah, il ne t'autorise pas n'importe quoi, tu es sous son contrôle. Le simple fait qu'il t'accueille dans sa propre villa en dit beaucoup, avec les autres il ne fait pas ça. Il n'y a qu'avec toi. Il s'approche de toi, se relevant pour venir te corriger certainement. Ton cœur bat un peu plus vite et tu te retrouves violemment projetée contre le mur. Tu es coincée contre son corps, soumise à son emprise. Il répète un bout de ta question mais tu gardes le silence, préférant ne pas jouer l'insolente trop longtemps au risque d'en subir quelques conséquences. Ta gorge est prisonnière entre ses doigts qui exercent une forte pression sur ton cou. Sévèrement, il rappelle les règles, histoire de te rafraîchir la mémoire, tu lui appartiens. « Oui.. », souffles-tu, soumise. Tu sais qu'il aime avoir du pouvoir sur toi, dans n'importe quel contexte, Zachariah aime te dominer. Ton regard ne cesse de le fixer, tu n'oses pas bouger, de toute manière il ne t'en offre pas vraiment l'occasion. « Désolée. », prononces-tu faiblement alors que sa main se détendait légèrement autour de ton cou.

Il la lâche enfin, libérant la brune de son emprise. Zachariah, conscient qu'il est allé trop loin. Cette fois, encore une fois. Il passe une main sur son visage, soufflant. Il s'éloigne d'elle. Zach le prédateur. La soif de sang, l'envie de faire mal. Elle est allée trop loin. Et lui, il a besoin de se défouler. Il a besoin d'extérioriser. Mais pas sur elle. Non, il ne veut pas dépasser les limites. Ou, peut-être que c'est ce qu'Alice cherche. Le faire rugir, le faire exploser. Mais, Zachariah, il tente de se retenir. Il sait, que dans un élan de colère, il serait capable de la blesser. Ou pire de la tuer. Le client, en tout cas, n'en a plus pour longtemps. Parce que, client ou pas, les règles sont établies. Tout le monde, sauf Alice. Toutes ses filles, sauf elle. Alice, elle est sienne. Alice, elle est son obsession. Elle est son tout. Il part dans la cuisine. Il a besoin de s'éloigner d'elle. Il s'en veut, peut-être. Mais, son impulsivité prenant le dessus sur sa raison. Zachariah, il s'assied sur un des tabourets. Laissant son visage reposé entre ses deux mains. Il n'ira pas s'excuser, parce que ça ne lui ressemble pas. Mais pourtant, il a cette boule au ventre. Celle remplie de remords.

Il est si proche de toi que tu peux sentir qu'il n'est pas dans son état normal, même s'il est comme ça tu le sais, il s'emporte facilement, il devient violent, t'es habituée. Seulement ce soir, l'alcool amplifie les choses, il a un peu trop abusé en attendant ton retour. Il serait capable de pire et tu ne saurais certainement pas l'empêcher, tu le laisserais te faire mal parce que t'es soumise à lui après tout, il fait ce qu'il veut de toi, il te le répète suffisamment. Il relâche enfin son emprise et ta respiration se calme doucement. Il s'éloigne, il fuit vers la cuisine et tu hésites, ne serait-ce pas plus raisonnable que tu ailles dans la chambre, que tu le laisses se calmer. Pourtant, tu y vas, parce que tu n'aimes pas le laisser seul dans cet état, tu n'aime pas le voir comme ça. Il est sur l'un des tabourets et semble contrarié. Tu t'approches discrètement, tel un félin puis ta main se pose timidement sur son épaule que tu caresses du bout des doigts. Tu tente de l'apaiser sans être brusque parce que tu sais qu'un rien peu réveiller le lion qui sommeille en lui. Silencieuse, tu ne cherches pas la discussion, elle ne mènerait pas à grand chose, il serait plutôt temps qu'il aille se reposer.