Choisir son meilleur ennemi, c'est tout un art.

Zach & Marley

J’avais repris le boulot le matin même. Après une semaine d’absence pour « cause de surmenage », j’étais de retour dans les couloirs de l’hôpital. Mais cette fois-ci non pas comme patiente, mais comme médecin, ce que j’étais après tout. L’affaire ne s’était pas tellement ébruitée, tout le monde croyait à cette histoire de surmenage. Mes amis en revanche, m’avait envoyé des messages toute la journée pour savoir si tout allait bien. Oui, je vais bien, j’ai peut-être une tumeur mortelle au cerveau, mais ça va. j’avais fait mes examens deux jours avant la reprise. J’aurai pu les récupérer aujourd’hui, mais je ne l’avais pas fait. Trop occupé. Trop peureuse oui. Je n’avais pas peur pour moi, j’avais peur pour ma fille. Lily-Rose n’avait que quatre ans. Et elle était déjà orpheline de père. Nathan, n’avait jamais eu la chance de la connaitre. Non, il était mort avant. Ça avait été terrible pour moi, pour nous tous. Et puis, j’ai appris à vivre sans lui, à moins sentir ma gorge se serrer, à réussir à continuer de respirer, mais Nathan, ça reste Nathan. C’est mon mari, celui que j’ai choisi et je n’avais jamais pu refaire ma vie. Je me suis souvent imaginé des scénarios ou il reviendrait, mais ça c’est que dans les films. Alors oui, je l’avais vu dans le couloir une semaine plus tôt. Oui j’en étais certaine. Mais je savais aussi que ce n’était qu’une douce et déchirante hallucination. J’étais malade, c’était aussi simple que ça. Nathan était mort. J’avais décidé d’aller courir un peu sur la place pour me changer les idées. Les écouteurs vissés sur mes oreilles, je laissais mon esprit vagabondé à ce que ma vie allait devenir. Si j’étais malade, qui allait s’occuper de Lily ? Et si, c’était inopérable, comment allais-je lui expliquer que moi aussi j’allais disparaitre ? Je n’avais parlé de ça à personne. Ni à ma famille, ni à mes collègues. Seule, ma bande d’amis d’enfance était au courant. On se disait tout. Finalement, on est trop proche, je ne peux même pas les protéger de ça. Au bout d’une heure, je décidais de m’asseoir sur le sable, profitant d’un agréable couchée de soleil. Juste quelques minutes de simplicité, hors du temps, pour moi, sans maladie, sans hallucinations.

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Zachariah à Malibu, Zachariah sur la plage. Zachariah décontracté, avec un bermuda et un simple t-shirt. Il prie pour que personne ne le voit, personne ne le reconnaisse. Lui, qui normalement est toujours très bien apprêté. Pas aujourd'hui. Il se doit décontracté. Il ne se ressemble pas. C'est à peine s'il est coiffé, à peine s'il s'est rasé. Une nuit de folie, avec elle. Encore une nuit à se dire qu'elle est parfaite. Bien trop pour lui. Elle écarte les cuisses pour de l'argent. Elle s'ouvre pour le compte de Zachariah. Et Zach est simplement envoûté. Elle, dont il est amoureux. C'est à peine s'il peut y croire. Parce que lui, il ne ressent rien. Il n'a jamais rien éprouvé. Peut-être lorsque sa mère est morte. Mais il était jeune. Parce que Zach, il n'a pas de sentiments. Zach est une pierre, Zach est une tombe. Zach est un fantôme perdu sur cette planète.
Alors, Zachariah se promène. Pensant, pensif. Ses pieds nus s'enfonçant dans le sable. Sensation agréable des grains chauds entre ses doigts de pieds. Zachariah bien trop rêveur, bien trop heureux. Et puis, Zach qui s'arrête. Parce qu'il voit sa silhouette, là assise sur le sable. Celle de sa soeur, de sa demi-soeur. Juste par alliances. Non, aucune part génétique entre ces deux-là. Zachariah qui prend un malin plaisir à la tourmenter, à la faire chier. Zachariah qui aimerait la mettre dans son lit, un jour. Pourquoi pas. Il aime qu'on lui résiste, elle le fait. Alors, il s'accroche. Zachariah qui s'assoit à côté d'elle. Et puis, qui retire les écouteurs de ses oreilles. T'aurais pu venir en bikini. dit-il sans même lui adresser un bonjour. Zachariah le goujat, Zachariah le démon. Il est le mal en personne, Marley le sait. Bien qu'elle ne se doute pas des activités extra-professionnelles de l'homme. Pour elle, il n'est que thanatopracteur. Zach, le thanatopracteur. Zach, il est direct dans ses activités illégales. Parce qu'il ne veut pas que la police lui tombe dessus. Le paysage aurait été meilleur. ajoute-t-il.

Choisir son meilleur ennemi, c'est tout un art.

Zach & Marley

Seule, face à la mer, je pouvais décompresser. J’étais hors du temps, je pouvais réfléchir, sans que l’on me porte un regard inquiet. Mes amis voulaient prendre soin de moi, ils étaient vraiment top. Ils avaient respectés mon choix de ne pas dévoiler « l’incident », ainsi mes parents n’étaient pas au courant, personne de ma famille d’ailleurs. Je sentis une présence à côté de moi, puis un parfum que je reconnaitrais à coup sûr. C’était Zach. Zach, l’enfant terrible de la famille. Pas par le sang. C’était le fils du nouveau mari de ma mère, nous avions une petite sœur en commun, Lydia. Heureusement, ils ne se ressemblaient pas du tout. Je n’ai jamais vécu avec lui, jamais rien partagé. Je ne l’aime pas, je ne le déteste pas. Je le tolère car il fait partie de la famille maintenant et cela depuis vingt ans. Ma mère l’aime profondément, comme si c’était son propre fils. Elle l’a éduqué, chérit, et protégé, comme elle l’a fait pour moi, ou pour ma sœur. Ma petite-sœur l’adore, c’est son héros. Après son père, bien sûr. Même si actuellement, elle cherche à s’émanciper. Je n’aime pas Zach, je n’arrive pas à voir ce que ma mère et Lydia lui trouve. Mais il doit avoir des bons côtés, sinon elles ne l’aimeraient pas ainsi. Il ne semble juste pas disposé à me montrer cette facette de sa personnalité. Bonjour Zach. J’avais dit ça sur un ton très neutre. Je ne ressentais rien, pas même mon agacement habituel. J’étais vidé. Je ne suis pas d’humeur Zach, tu n’as pas quelqu’un d’autre à aller tourmenté ? Je ne l’avais pas encore regardé, mais je décidais de lui jeter un œil. Je fus surprise par sa tenue vestimentaire. Puis je m’arrêtais sur ses yeux. Il avait les traits tirés, mais semblait plus apaisé qu’à son habitude. J’arrachais finalement un sourire. Tu as l’air en forme. Plus que moi, c’était certain.

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Plus que toi, en effet. Zachariah, il ne connait pas Marley. Pas sur le bout des doigts en tout cas. Zachariah et elle n'ont jamais vécu ensemble. La seule chose qui les lient, c'est Lydia. Leur petite-soeur. Lui, il est égal à lui-même. Zachariah, il aime bien Lydia. Mais, sans plus. Elle reste sa soeur, mais c'es tout. Sa demi-soeur, même. Et ça, il met un point d'honneur à le dire. Zachariah, méchant. Son père le lui a déjà dit. Zachariah, il ne comprend pas. Il ne sait pas pourquoi Lydia est tant attachée à lui. Parce que, lui, il ne fait rien pour que ce soit le cas. Zachariah, il ne change pas pour sa demi-soeur. Zachariah, il est loin d'être le frère parfait. Non, il serait capable de la prostituer, elle aussi. Zachariah sans coeur, sans sentiment. Alors grande soeur, qu'est-ce qui te tracasse ? demande-t-il sur un ton plutôt ironique. Marley, il ne l'a jamais considéré comme sa soeur. Pour lui, elle n'est pas grand chose. Juste la fille de la remplaçante de sa mère. Juste, quelqu'un. Zachariah, ce qui l'intéresse, c'est de pouvoir mettre la brune dans son lit. Dans ses rêves, il le sait. Mais c'est ce qu'il apprécie. Que ce soit compliqué, que ce soit impossible. Relever des défis, son passe-temps favori. Oh, aller soeurette. J'suis pas là pour te tourmenter. dit-il en se tournant vers elle et en souriant. Tu sais bien que j'ai un bon fond, en vrai. Si c'est le cas, il est certain qu'il faut profondément creuser pour s'en rendre compte. Même Alice n'a pas la chance de creuser autant. Même si Zachariah traite Alice d'une meilleure façon que les autres femmes. Il reste un misogyne. Zachariah, le macho. Zachariah, l'homme à qui jamais une femme ne devrait avoir à faire.

Choisir son meilleur ennemi, c'est tout un art.

Zach & Marley

Je n’avais jamais beaucoup de chance, du moins c’est ce que j’étais en train de me dire. De tous les habitants de Los Angeles, il fallait que je tombe sur Zach. Nous étions en fin de journée certes, mais Zach était censé travailler la journée dans son magasin de pompes funèbres. Il avait choisi un métier, aussi flippant que sa personnalité. Et le soir, il sortait. Du moins, c’était le souvenir que j’en avais. Zach et moi on n’a jamais été proche. Toujours aussi perspicace à ce que je vois. Je pense qu’il n’a jamais vraiment eu de paroles gentilles à mon égard. Il était condescendant et vulgaire. Il aimait me pousser à bout, me tester, peut-être même me foutre dans son lit. Zach aurait pu vendre son père pour son propre plaisir. Je souris lorsqu’il me demanda ce qui me tracassait. Ne fais pas celui qui s’intéresse à moi. T’es pas crédible. J’en avais marre d’être toujours gentille, celle qui devait faire des efforts, ce n’était pas le moment.  Il insistait, prétendant même avoir un bon fond. Je me mise à rire. Un long rire, un rire qui venait de loin, j’avais besoin de rire. C’était la chose la plus drôle que j’avais entendu depuis très longtemps. Et puis merde, je n’avais plus rien à perdre. J’ai vu Nathan. Il allait fantasmer sur le fait que je prenais de la drogue ou que je perdais la tête. Il savait que c’était impossible. Tout comme moi. Nathan étant mort quatre ans plus tôt. Mais s’il voulait avoir du spectacle, il allait être servit.

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