En attendant un examen

*Nouvelle journée d'examens à l'hôpital. J'y vais désormais une fois par semaine depuis mon arrivée à Los Angeles, un peu contre mon gré, je dois l'avouer. Mais je n'ai pas le choix: après l'échec de la chimio qui m'a rendu plus que malade, obligeant même mon hospitalisation pendant un temps, mais aussi l'échec de l'ablation de la zone de mon foie touchée par la tumeur, je me vois contrainte de venir consulter les médecins régulièrement. Mon cancer est en train de me tuer à petit feu, alors ils préfèrent avoir un l'oeil sur moi le plus souvent possible. Et comme j'ai catégoriquement refusé d'être hospitalisée, puisque je peux encore me permettre de vivre seule, venir ici n'est qu'un petit prix à payer.

Aujourd'hui mon oncologue a décidé de me faire passer plusieurs radios et échographies afin de contrôler l'évolution de la tumeur. Apparemment j'ai de la chance, les cellules cancéreuses ne se sont pas réparties un peu partout dans mon corps, mais sont restés localisées dans mon foie. Pour moi ce n'est pas de la chance, mais selon les médecins, c'est tout de même mieux que d'avoir un cancer généralisé, car là, j'ai encore une chance de m'en sortir grâce à une greffe. Une greffe. Ça fait déjà plus d'un an que je l'attends celle-là, et toujours rien. Alors aujourd'hui, je n'y crois plus vraiment. De toute façon, seulement 0,2% de la population est compatible avec moi, autant dire une aiguille dans un grenier de foin. Même mes proches ne sont pas assez compatibles...

A 12h, je fais un arrêt à la cafétéria de l'hôpital. Je n'ai fait que l'échographie, ma radio aura lieu vers 14h. Alors j'ai le temps de manger un petit bout. Je n'ai pas déjeuner ce matin, alors je dois avouer que mon ventre crie quelque peu famine. Je passe en revue les plats proposés avant d'opter pour une salade caesar et un fruit pour tout dessert. Puis je vais m'installer à une table seule, légèrement à l'écart des autres patients et membre du personnel déjeunant.
Pour m'occuper je sors un livre de mon sac, et reprends ma lecture, espérant ainsi dissuader toute personne de venir me parler. Mais tellement je suis omnibulée par mon livre, je ne remarque pas qu'un homme me dévisage un peu plus loin. *

"celui qui ne sait pas partager est infirme de ses émotions."

L'amour est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un son effacé - Lamartine

Cela aurait pu être une journée comme les autres, si la veille, le jeune titulaire n'avait pas eu un appel assez intriguant. Son cousin Jonah, lui avait téléphonné pour lui demander un service. Pour certaine personne, cela pouvait sembler étrange. C'était courant d'aider son cousin. Cependant, les deux familles étaient brouillées depuis déjà dix-neuf ans. Il ne faut pas chercher plus loin, c'était de la faute du jeune homme. Ils n'avaient pas accepté le mariage arrangé du jeune homme. Pourtant, les deux jeunes n'avaient pourtant pas perdu contacts. Ils s'envoyaient des messages, se parler en secret. C'était de simple nouvelle... Du genre comment ça va? Cependant, là, il lui avait demandé de prendre soin de sa soeur, qui s'était enfuie de chez eux à cause son cancer. Aiden avait cherché à comprendre comment, il avait fait pour la retrouver mais son cousin était resté vague... Sans doute illégalement mais il ne pouvait pas refuser d'aider sa famille. Ce qui le dérangeait, c'est de ne pas pouvoir avouer à la jeune femme la vérité. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi? Elle était de la famille. D'accord, elle était malade mais Aiden était médecin, il n'avait pas peur de ça. Il l'aurait même accueilli à la maison avec plaisir... Mais il avait accepté.

Il savait qu'elle venait une fois par semaine à l'hôpital, mais il ne savait pas quand. La matinée avait été assez chargé et il n'avait pas encore eut le temps d'aller se renseigner à l'accueil. Cette arpès-midi, il n'avait rien de prévu, il aurait tout le temps, mais pas avant d'avoir mangé. Il arriva à la cafétéria, lorsqu'il la vit. Il ne pouvait pas la louper, Jonah lui avait envoyé une photo qu'il avait regardé un moment, pour la mémoriser. Oh bordel, qu'et-ce qu'il allait pouvoir dire. Il remarqua qu'elle était en train de lire et s'approcha. Allez, trouve un truc mon vieux. "Cinquante Nuance de Grey... J'ai failli brûler les livres de ma fille lorsque j'ai vu qu'elle les lisait." Sa cousine le regarda et il lui sourit.

En attendant un examen

*Plongée dans mon livre je ne vis même pas cet homme qui m'observait s'approcher de ma table. Ce n'est que lorsqu'il prend la parole, que je lève la tête vers lui. En l'entendant, je ne pus m'empêcher de rougir avant de sourire légèrement. J'avais un peu honte qu'on me surprenne à lire ce bouquin: ce n'était pas de la grande littérature, bien au contraire, mais bon c'était ma belle-soeur que me l'avait recommandé peu avant ma fugue. Elle adorait ce livre, et avait lu la trilogie en une semaine, du coup je m'étais laissée aller à le tenter hier. Mais je dois avouer que ce n'est pas du grand art, c'est même assez mal écrit. Et puis quand on me connaît, on sait que je suis plus du genre à lire des oeuvres classiques, après tout j'adore la littérature, j'ai même une thèse de littérature.
Je m'éclaircis rapidement la gorge afin de répondre à mon interlocuteur *

- Je crois que oui, il y a de quoi brûler ce livre. Mais bon, ça fait toujours un bon divertissement quand on s'ennuie. Et puis il a certain succès aussi non ?

* Je souris rapidement, tout en posant le livre devant moi, avant de dévisager l'homme face à moi. Je ne l'avais jamais vu, alors je me demande bien pourquoi il est venu me parler, mais il porte une blouse, ce qui signifie que c'est sûrement un médecin. *