Je viens souvent ici. Je regarde autour de moi, je me dis que ce que je vois, c'est le monde qui nous entourent. Les vagues qui viennent et repartent, certaines le font au bon endroit et ne font que passer. Alors que d'autres, malgré leurs efforts ne font que s'écraser contre la roche. Quand elles avancent, elles s'écrasent et si elles reculent, elles se retrouvent noyées dans la masse. Je réfléchissais à tout cela, assise sur une serviette tout en gardant un oeil sur Maya. Elle joue avec le sable et elle est heureuse ainsi. Tant mieux, je n'ai pas vraiment les moyens de lui offrir le dernier jouet à la mode. Aujourd'hui, elle va bien, sa respiration est stable depuis presque une semaine, ça me rassure. Même si une partie de moi sait que ce n'est que temporaire. L'air de la mer lui fait du bien, à moi aussi. Ici, je me sentirais presque normale. J'ai l'impression d'être juste un mère qui profite de son jour de repos avec sa petite fille normale. Même si aucune de nous deux ne l'est. Heureusement, dans ce monde de fou on croisent parfois des gens différents. C'était le cas avec Katelyn à qui j'avais envoyé un message pour lui proposer de nous rejoindre. Katelyn, c'est l'une des rares personnes avec qui j'ai vraiment l'impression d'être liées, même si nous ne nous connaissons pas depuis longtemps. Il y a avait eu comme un coup de foudre amical entre nous deux. Elles étaient sympa et elle ne me jugeaient et surtout, elle me comprenait, elle comprenait ma peur pour Maya aussi.

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Quand je regarde Maya, je vois Jimmy, pas dans son physique, mais dans sa manière d'être. Dans sa façon de me sourire, dans sa façon de faire sa mine innocente. Physiquement, c'est à moi qu'elle ressemble, petite fille fine aux longs cheveux blonds, j'étais comme elle. Et naturellement, je me met à m'imaginer dans la peau de ma mère. Je suis bien consciente que nos situations sont bien différentes. Je suis seule avec Maya alors que ma mère, elle avait mon père, elle avait mon frère et ma soeur. Mais je ne pensais pas à nos situations mais plutôt au lien. Au lien qui unit une mère et sa fille. Et je ne comprenais pas ma mère. Je ne comprenais pas comment elle avait pu me traiter de cette manière, comment elle avait pu souhaiter mon malheur ? J'ignorais si elle était au courant pour Jimmy. J'espérais que non. C'était tellement plus facile de se dire qu'elle ne m'appelle jamais parce qu'elle pense que je vis une belle vie avec mon mari et ma fille. Et non parce qu'elle pense que je suis une trainée. Je sais que nous sommes une famille pieuse, mais je n'ai pas eu mon enfant à seize ans ou avec un parfait inconnu. Je n'avais pas mérité ce qu'elle m'avait dit, ce qu'ils m'avaient fait. Mes yeux rivés sur Maya et mon esprit ailleurs. J'avais été rappelé à la réalité par une voix féminine, celle de Katelyn. Je l'a vis s'approcher encore un peu plus de nous. « Salut toi ! » Je lui souriais avant de me lever pour lui faire la bise. « On s'est installées ici, j'espère que ça te convient  ? Je préfère les côtés de la plage, il y a moins de monde. »

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J'étais contente que Katelyn arrive, contente de savoir qu'elle allait me changer les idées simplement en étant là. Elle n'avait rien de spéciale à dire ou à faire, avec elle, je n'étais plus seule et c'était largement suffisant pour moi. J'adorais la plage, j'adorais la vue, sentir le sable sous mes pieds, l'air aussi était différent, c'était comme être sur un petit bout de paradis. Malheureusement, je n'étais pas la seule à me sentir ainsi ici. Tout le monde s'y sentait bien et aimait venir s'y rafraîchir en été. La plage était bien remplie mais j'avais réussi à trouver un petit coin tranquille, proche de la fraîcheur des rochers. Quand Katelyn lui dit bonjour, Maya lève les yeux vers elle en souriant avant de les plisser à cause du soleil, ce qui me fait sourire. Je me réinstalle sur ma serviette, pendant que Katelyn s'installe à mes côtés. « Maya va bien, elle n'a pas fait de crise depuis quelques jours, mais bon, tu es bien placé pour savoir qu'on peut aller de très bien à très mal en très peu de temps. » Je lui souriais simplement tout en jetant un coup d'oeil à Maya qui jouait tranquillement. « sinon, je n'ai pas grand chose de nouveau dans ma vie, mon responsable à accepter de me faire travailler encore un peu plus au supermarché donc ca va. Et toi, quoi de beau à me raconter ? »

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Si quelqu'un pouvait comprendre Maya, c'était bien Katelyn. Je suis bien consciente qu'elles n'ont pas du tout la même maladie. Qu'elles n'ont pas le même âge, ni la même vie, mais l'une comme l'autre, n'ont pas le vie qu'elle méritent. L'une comme l'autre survie au lieu de simplement vivre, tout cela parce que le destin a décidé de leur mettre l'épée de Damoclès en dessus de la tête. Quand j'y pense, je les admire tellement d'avoir une telle force, puis je me souviens que je peux les perdre. Et perdre Kate serait une horreur. On ne se connait pas depuis très longtemps, c'est vrai mais je ne connais personne avec qui je me sente aussi bien, aussi moi-même. Quant à la perte de Maya, j'avais essayer de me faire à l'idée à une époque mais j'en suis incapable. Je ne pourrais jamais me remettre de la perdre. Elle est mon tout, ma raison de me lever et de me battre, ma raison d'affronter le monde aussi cruelle soit-il. Sans elle, je ne suis plus rien. Je ne vaux plus rien. « merci » Je lui souriais. « Oh tu sais, pour elle, l'hôpital est une seconde maison. Elle adore y aller et charmer tout les medecins du service. » Je riais légèrement. Je hais ce lieu, je hais l'odeur de ce lieu, les blouses blanches et l'environnement mais je dois avouer qu'ils sont géniaux avec Maya. Et tant qu'elle est heureuse d'aller à l'hôpital, tant mieux. Je souriais à sa remarque, la moindre minute était une bénédiction et avec quelques heures de plus, je pouvais me permettre de refuser un client de temps à autre. Enfin si Zach me l'accordait ce qui n'était pas gagné non plus. Je l'écoutais me répondre en me disant que tout les vies devenaient des routines sans même que nous ne nous en rendions vraiment compte. Puis elle me parlait de son coloc, je lui répondis alors sur un air amusé. « Ton coloc .. il est mignon au moins ? »

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